Soeurs (création 2026)
Yaëlle Antoine revisite sa première pièce de cirque crée en 2007, Lames Soeurs, inspirée par le double crime des sœurs Papin, qui évoquait le quotidien sordide de deux sœurs, deux bonnes, en route vers l’inévitable. Fait divers qui anime J. Genet quand il écrit Les Bonnes tout en fascinant le jeune Lacan qui en fait le sujet de sa thèse.
La pièce, fondée sur une dramaturgie du déséquilibre, interrogeait par la mise en scène les rapports de pouvoir entre femmes.
Dans Sœurs, Yaëlle envisage de regarder ce drame sans issue en parallèle avec la victoire inattendue et retentissante des femmes de chambre de l’hôtel IBIS-Batignolles, qui leur a donné à la fois, dignité et visibilité. L’une d’entre elles, oratrice engagée et figure de proue, deviendra députée !
La sortie de Sœurs est prévue en 2026.
Écritures, mise en scène et lumières : Yaëlle Antoine
Scénographie et son : Didier Préaudat
Chorégraphie : Marlène Rostaing
Témoins : Marion Guyez, Sofia Antoine et Paola Rizza
Costumes : Elodie Sellier
Interprètes (distribution en cours) : Louisa Wruck (fil de fer), Sarah Mathon (jeu et slam), Sofia Antoine (jeu), Karita Tikka (acrobatie, contorsion et jeu), Pina Wood, Flor Paichard, (chant et jeu), Tim Loustalot, Simon Deschamps (technicien funambule),
Et Rachel Kéké & le collectif des femmes de chambre de l’hôtel Ibis- Batignolles (textes et chants)
Production La Compagnie d’Elles
Accompagnement en production : Acolytes
La Compagnie d'Elles est conventionnée en arts de la rue par le ministère de la Culture (DRAC Occitanie) depuis 2021 et reçoit la participation et le soutien au fonctionnement de la Mairie de Toulouse depuis 2023.
Revue de presse:
« Lames sœurs » de Yaëlle Antoine : Magistral
Par Aurore Krol - Les Trois Coups
« Lames sœurs » se joue le matin, sur l’île Piot et sous un chapiteau. On pourrait facilement penser que c’est trop loin, trop tôt et trop chaud. Cependant, il serait dommage de rater ce spectacle pour ces considérations matérielles : on risquerait de passer à côté d’une petite merveille.
Premier spectacle de la Compagnie d’Elles, Lames sœurs est « une pièce de cirque pour adultes ». C’est l’histoire connue des sœurs Papin, deux bonnes qui assassinèrent leur patronne, dans les années 1930.
Dans ce spectacle, il y a du désir de revanche, de vengeance, mais surtout du désir tout court. Les quatre comédiennes incarnent parfaitement la folie. Louise, la sœur possédée, est jouée par des comédiennes jumelles, matérialisant ainsi le dédoublement de personnalité. Léa est, quant à elle, représentée dans deux espaces temporels : celui du drame et celui de la remémoration, des dizaines d’années plus tard. Cet aspect diffracté permet d’incessants allers et retours entre instantanéité et violence du souvenir, montrant à quel point la folie meurtrière des sœurs fait écho à la mesquinerie des employeurs.
L’une des comédiennes est circassienne et elle utilise ses talents de funambule avec pertinence. Avançant hésitante sur des fils qui entourent l’espace de jeu, pouvant basculer à tout moment, elle développe un jeu d’équilibriste symbolique et introspectif. Progression à la sensualité morbide, aussi déstabilisante qu’évocatrice, aussi tranchante que la lame d’un couteau...
L’écriture révèle le sordide du quotidien. Des phrases comme « Les restes, c’est pour les chiens », ou encore « Vous pensez, Louise ? Mais je ne vous en demande pas tant ! », évoquent avec pertinence la condition d’humiliation, de douleur sourde, à laquelle les deux jeunes femmes étaient réduites. L’auteur a d’ailleurs reçu pour ce texte la bourse Beaumarchais 2007.
Ce rêve éveillé est ponctué d’instants narratifs constitués par le témoignage de Léa âgée. Une musique lancinante et onirique complète cette atmosphère malsaine, qui est aussi la trame d’un amour incestueux. Amour fou et très subtilement évoqué par des chorégraphies, des confrontations physiques entre les bonnes. Drapées dans de longues robes noires au tissu épais, les deux sœurs sont emprisonnées dans un carcan de tissu, leurs désirs y sont exacerbés à force d’être étouffés. Tantôt regard famélique, tantôt pantins fragiles et désarticulés, elles sont effrayantes et moribondes.
Cette ambiguïté, cette sensualité interdite faite d’humiliation et de domination, cet érotisme latent, sont les derniers éléments nécessaires à faire de cette pièce un moment fascinant.
Contact diffusion:
Barbara Jeanneau / ACOLYTES
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